« La cohérence cardiaque nous aide à trouver l’équilibre dont notre corps a besoin », explique le Dr. David O'Hare, médecin, nutritionniste et psychothérapeute spécialisé dans le trouble du comportement alimentaire. Pionnier de la cohérence cardiaque en France, il a écrit huit livres à ce sujet, dont Cohérence cardiaque 3 6 5, qui explique une méthode qu’il a développée pour rendre cette pratique accessible à tous. Son dernier ouvrage paru en mars 2021, Je résiste mieux au stress, rassemble des outils de cohérence cardiaque, de psychologie et de nutrition pour trouver l'équilibre et se sentir mieux au quotidien. Mais en quoi consiste cette pratique ? Comment impacte-elle le poids ? Et comment se fait-il qu’elle soit utilisée par les médecins ?
Pourriez-vous décrire la cohérence cardiaque ?
C’est un état d’équilibre physiologique favorable à la santé. C’est l’harmonie entre l’état de fuite (le système nerveux sympathique) et l’état de relaxation (le système parasympathique). Je compare souvent la physiologie humaine à la santé financière : imaginez que vos dépenses sont votre énergie et que vos revenus sont votre récupération. Si vous êtes en bonne santé financière, vos dépenses sont équilibrées par l’argent que vous recevez. Mais ce qui arrive souvent est que nous sommes trop souvent stressés. Cela se traduit par un excès de cortisol, l’hormone du stress, et pas assez de repos. Ceci peut conduire à des maladies ou à une prise de poids. Nous ne pouvons pas contrôler nos émotions, notre digestion ou nos envies de manger, mais nous pouvons volontairement contrôler notre respiration. En régulant l’inspiration et l’expiration, nous retrouvons l’équilibre dont notre corps à besoin. C’est ce qu’on appelle la cohérence cardiaque.
Comment la cohérence cardiaque peut-elle aider à perdre du poids ?
Il se trouve que le niveau de cortisol est directement corrélé au tour de taille, et donc, au poids. D’un point de vue biologique, les graisses stockées sont une réserve énergétique pour une « famine » à venir. Stressé, le corps se sent en danger et stocke au lieu de dépenser. Grâce à l’énergie stockée, nos ancêtres pouvaient courir et tenir plus longtemps sans manger. Et puisqu’aujourd’hui nous ne sommes pas en danger physique, nous n’avons pas besoin de courir et nous prenons du poids. Alors pour en perdre aujourd’hui, il faut changer ses habitudes sur le long-terme.
Pour quelle raison certains ont-ils tendance à faire le « yoyo » avec leur poids ?
Le poids est très peu géré par la volonté. Selon la pyramide des besoins, dites de Maslow : tout en bas, il y a nos besoins essentiels reptiliens, de se nourrir et de dormir. Ils sont automatiques et involontaires. Au-dessus il y a le système limbique, arrivé plus tard dans notre évolution, qui représente les besoins d’amour et d’appartenance. Et au sommet de la pyramide, il y a la réflexion et la créativité. Mais ce qui concerne la gestion du poids est tout en bas. Cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas perdre du poids en se mettant dans un état de restriction, mais au bout d’un certain temps, le système nerveux autonome repasse en mode automatique. Et là, c’est le yoyo.
Admettons que vous décidiez d’arrêter de respirer. Vous vous privez d’oxygène, le système nerveux autonome estime que vous êtes est en danger de mort et entraîne forcément une grande inspiration. Il se produit la même chose si on se prive de nourriture. Le système nerveux autonome estime qu’on est en danger et on aura des pulsions alimentaires irrésistibles.
Parlez-nous de votre méthode 3 6 5, reconnue par la fédération française de cardiologie…
J’ai développé cette méthode, dont l’efficacité a été démontrée par de nombreuses études scientifiques. On inspire cinq secondes et on expire cinq secondes pendant cinq minutes, trois fois par jour. Durant l’exercice, il y a une fluctuation entre les systèmes sympathique et parasympathique. Puis à la fin, les deux sont naturellement en harmonie. Il faut rappeler que le but n’est pas de sortir du système nerveux sympathique (qui consomme de l’énergie), mais de retrouver l’équilibre.
Combien de temps faut-il pratiquer la cohérence cardiaque pour commencer à voir des résultats ?
La mise en place d’une pratique régulière de cohérence cardiaque, c’est-à-dire trois fois par jour pendant cinq minutes, peut commencer à avoir un effet sur le bien-être au bout de quelques jours. On ressentira moins de frustration, notre équilibre émotionnel nous permettra de faire des choix sains plus facilement. Ainsi, la perte de poids se fera plus facilement durant les semaines à suivre. Quelqu’un qui pratique régulièrement la cohérence cardiaque baisse son taux de cortisol de 20 à 30%. Et de nombreuses études ont prouvé que cette baisse avait un effet direct sur le poids. La cohérence cardiaque peut aussi aider à maintenir sa perte de poids sur le long-terme, tant qu’on continue à pratiquer après avoir atteint son objectif.